L’ABSORPTION

« L’absorption » matérialise dans un espace tridimensionnel le dessin du « salon » à l’échelle du spectateur. La présentation réalisée articule l’espace d’une scène et celle d’un récit. La scène qui correspond aux trois dimensions de la pièce est pénétrable par le spectateur. Le récit se concentre sur les 18 scènes du livre « La maison Bienert » disposé sur la table et introduit à la scène. Les plans colorés réalisés au sol se développent en tracés linéaires sur les murs et comportent chacun la silhouette d’un personnage. On pourra éventuellement les associer à madame Bienert et à deux silhouettes de Mondrian. Chaque personnage tourne le dos au spectateur en étant « absorbé » par une activité. « L’absorption » renvoie ici à un procédé pour contrer la théâtralité mise à jour par le critique Michael Fried dans la peinture française du XVIIIe siècle. Ce procédé suppose l’absorption (intense) des personnages dans une activité qui permet de rejeter le spectateur hors du tableau. Rejeter le spectateur hors du tableau, selon l’analyse de Michael Fried, c’est éviter la dégénération de la peinture dans le théâtre. La mise en scène réalisée ici conforte et inquiète cette théâtralité en mettant le spectateur en situation simultanée d’invitation et de rejet.